La fille-surprise

Tout au bout d'un sentier caillouteux,
Dans le petit bois d'un modeste village,
Je revois encore cette jeune fille blonde
Nonchalamment allongée dans les fougères
Comme si elle sortait d'une pochette-surprise.
S'attendait-elle à ce que je vinsse
Poser ma tête tout près de son coeur
Pour la bercer très tendrement ?
Elle me parla avec une grande douceur
Du bel été et du vent de pluie,
Et moi, déjà, j'étais fou d'elle,
Des deux pierres bleues de ses prunelles.
Lorsque je fus certain de comprendre
Qu'elle consentait à mes avances,
Je nouai mes deux bras amoureux
Tout autour de sa taille fine,
Tandis que mes lèvres affamées
Se soudaient à sa bouche rosée ;
Ce fut d'une main un peu tremblante
Que j'effleurai ses tout petits seins,
Sans qu'elle m'en fît le reproche ;
M'enhardissant, je relevai sa jupe
Pour admirer ses jambes fuselées ;
Mais quand je tentai d'aller au delà,
Afin d'écarter le voile de nylon blanc,
Elle me dit d'une voix claire et pure :
« Avant de faire l'amour, il faut aimer. »
Je savais bien qu'elle avait raison
Et, tout de suite, je redevins sage.

Anne Brunelle

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