La pré-adolescente un peu trop fardée
S'invente encore des tas d'histoires,
Tout en se perdant dans le dédale
Des allées du grand magasin de textile.
Dans la main, elle tient bien serrés
Les deux billets neufs de vingt euros
Et se rappelle ce que maman lui a dit :
« Surtout ne gaspille pas cet argent,
Et ne t'achète pas n'importe quoi ! »
Ces billets lui étaient récompense
Pour avoir eu de très bonnes notes
En français, en maths et en histoire.
Mon dieu ! Toute cette lingerie fine
Semble vraiment la fasciner, c'est fou !
Toute excitée, elle s'attarde à admirer
Les jolis soutien-gorges en dentelle
Qui pareraient fort élégamment, pense-t-elle,
Sa petite poitrine à peine ébauchée ;
Mais jamais elle ne va oser les essayer.
C'est à ce moment-là qu'une jeune vendeuse,
Qui s'aperçoit de son hésitation visible,
Vient lui proposer de l'aider à choisir.
Toute rosissante, la jeune fille se décide
Pour le plus original, le plus sexy,
Puis elle va s'isoler derrière le rideau bleu
De la cabine d'essayage où elle ôte son polo
Pour pouvoir l'enfiler et contempler, émue,
Dans la glace, sa poitrine tellement menue,
Recouverte par ce sous-vêtement bizarre,
Un peu trop avantageux pour elle, bien sûr.
Et soudain apparaît le visage plutôt amusé
De la vendeuse, qui se souvient très bien
Qu'elle aussi, elle avait eu treize ans.