Qu'il revienne le temps de la belle insouciance,
Où les jours s'écoulaient calmement, sans surprise,
Douces années d'après-guerre où l'on faisait confiance
Aux grands qui répétaient des leçons bien apprises !
Ils voulaient que l'on crût aux lendemains radieux,
À l'avenir sans effort après les dures épreuves,
Et jetaient sans pudeur beaucoup de poudre aux yeux
Des gogos trop candides que les harangues émeuvent.
Ce temps étange était celui de ma jeunesse ;
Oui, pour moi le bonheur venait dans l'espérance
D'une ère de vraie justice dans la fraternité ;
J'allais le coeur empli d'innocente allégresse,
Et les pires utopies trompaient ma tolérance,
Pauvre mendiant sans malice d'une factice liberté !