Voici mes collines,
Et puis voici l'étang !
Dis, tu te rappelles
Des ces été bénis
De nos grandes vacances
Vers la fin des années 50,
De nos premières amourettes,
De nos folles espérance ?
Voici le Four des Balmes,
La grotte de nos secrets ;
Nous y grimpions joyeusement,
Les jambes bien agiles,
Le coeur drôlement léger,
Toute notre petite bande,
Garçons et filles,
Pour crier, chahuter,
Nous bécoter hardiment
Ou chanter « Larinette » !
Voici le sentier étroit,
Recouvert d'herbes drues,
Qui se faufile, sournois,
Dans les sous-bois trop frais
En zigzaguant malicieusement ;
Nous y emmenions souvent,
Fougueux adolescents,
Nos petites fiancées
Qui s'allongeaient bientôt,
Toutes roses de confusion,
Sur un lit de feuilles mortes.
Je n'ai toujours pas oublié
Cette petite blonde rieuse
- Elle s'appelait Colette -
Pas trop sérieuse, je sais,
Nis ses beaux seins déjà lourds
Sous le corsage à fleurs
Que je caresssais longuement
Sans jamais me lasser.
Dans ma verte campagne
Que j'ai tellement chérie,
Dans cette sorte d'éden
Où j'ai grandi, mûri,
Loin du bruit infernal
Et des fureurs citadines,
Voici encore, tout à coup,
Mille souvenirs étonnants
Qui me reviennent en mémoire
Et des visages familiers
Qui m'interpellent gentiment
Et me sourient affectueusement,
Certains même étant revenus
De l'autre côté du miroir,
De l'autre côté de la vie.