Ils défilaient en tête du cortège,
Manifestant contre la « sale guerre »,
Et tout à coup, près de la préfecture,
Ils se heurtèrent au barrage policier ;
Le pouvoir avait mis le paquet
Pour leur barrer la route,
Deux compagnies de CRS,
Peu décidées à la clémence.
Des huées, des quolibets,
Et puis des hurlements,
La foule poussa les premiers rangs
Au-delà des barrières ;
Tout de suite cognèrent
Les matraques impitoyables
Contre leurs poings levés.
Hélène s'écroula, du sang
Coulait sur son visage ;
Il tenta en vain de la protéger
Des coups des flics et de la ruée
Des manifestants déchaînés
Qui risquaient de la piétiner,
Mais une poigne solide le saisit,
Et on l'emmena plus loin ;
Un homme en uniforme
Le poussa violemment
Dans un car de police.
Là, il ne pensait qu'à Hélène :
Dans quel état, mon Dieu,
Allait-il la retrouver ?
Il avait tellement peur pour elle.
Ce fut seulement dans la nuit
Qu'on vint le rassurer au poste :
Hélène était consignée à l'hosto,
Souffrant de multiples contusions,
Mais sa vie n'était pas menacée.
Lui, il ne pourrait, hélas
Se rendre à son chevet,
Sa garde à vue s'éternisait,
Et il risquait d'être incarcéré
Pour « tentative de rébellion ».