Je t'imagine, charmante fille d'Ève,
Les yeux mi-clos sur tes doux rêves
D'un grand amour très romantique
En notre ère de l'informatique.
Toi qui connais tous les poèmes
Louant des passions idéales,
Tu dois avoir beaucoup de mal
À vivre en ces temps peu amènes.
Je t'imagine, frêle ingénue,
Te dévêtant dans ta chambrette,
Où la vision de ton corps nu
Comme un violent alcool m'entête.
Tu n'es guère tendre pour les garçons
Prêts à cueillir ta vie en fleur,
T'indignant même lorsqu'un fripon
Cherche à retenir la main de ta soeur.
Serais-tu envieuse de leur bonheur ?
À t'entendre on pourrait le croire ;
Ou ce qui t'angoisse est-il la peur
Que trompeur soit leur fol espoir ?
Je t'imagine en femme fatale,
En amazone ou en Joconde,
Même en princesse ou en vestale,
Voire en naïade régnant sur l'onde.