Elle m'irritait un peu,
Cette nana dans le bus,
Avec ses écouteurs ;
Ses yeux étaient mi-clos,
Son regard, dans le vague,
Et moi, j'imaginais le vacarme infernal
Qui devait s'engouffrer
Dans ses pauvres tympans ;
Elle semblait à cent lieues
De cet autobus bondé
Où des jeunes gens chahutaient,
Où des femmes papotaient,
Où des vieux se lamentaient
Sur le temps qui s'en va,
Que rien n'est plus comme avant.
La nana écoutait sa musique de sauvages :
Forcément, à son âge,
On n'aime pas trop Chopin,
Ni Beethoven ni Bach,
Et même pas Ferré.
Eh bien, j'avais tout faux !
La nana dans le vent
N'écoutait pas du rock,
Ni du rap ni de la techno,
Mais révisait pour le bac
« Le Banquet » de Platon.