On les voit ensemble du matin jusqu'au soir,
Nadine aux blonds cheveux, Corinne, son miroir,
Des filles angéliques dont les jeux peu sages
Scandalisent tous les bien-pensants du village,
Mais les prudes, les jaloux, laissent indifférentes,
Ces soeurs identiques, amies de coeur et amantes ;
Elles dansent dans les bals, jamais ne se quittent,
Quand l'une tend les bras, sitôt l'autre l'imite,
Leurs corps se collent et s'étreignent tendrement,
Et leurs bouches se soudent en baisers gourmands ;
S'aiment-elles tant, parce qu'elles sont jumelles,
Que leur devise est : « Vivre sans mourir pucelles » ?
Qui pourrait mieux connaître leur intime désir
Et saurait leur donner un aussi vif plaisir ?