Elle n'avait que seize ans,
C'était une blonde enfant ;
Elle se plaisait à contempler
Ce corps qui se transformait
Depuis quelques années
Dans le grand miroir oval
De sa chambre à coucher,
Tâtant les bouts bien roses
De ses seins androgynes,
Puis posant une main fine
Sur la toison fournie
Mais claire de son pubis.
Avant que ses yeux se closent,
Perdue dans ses pensées,
Elle osait parfois imaginer
Le bonheur que lui donnerait
L'homme qui, habilement,
Effleurerait ses jolies rondeurs
Ou visiterait son temple secret.
Confuse mais ravie,
Ses gestes elle imitait,
Presque en toute innocence.
Ses copines du lycée
Lui avaient déjà raconté
Les baisers fous, ardents,
Les langues bien mélangées,
Les « Je t'aime » murmurés,
Dans l'ombre d'un cinéma,
Les étreintes passionnées
Et les mains baladeuses
Qui ne respectaient rien.
Mais elle n'appréciait guère
Les garçons de cet âge,
Les jugeant trop puérils.
Alors elle fantasmait,
Touchant ses seins menus,
Les pressant aussi fort
Qu'une main de jeune homme
Aurait su le lui faire,
Et puis elle fourrageait
Sous la chemise de nuit,
Frémissante de désir,
De plus en plus experte
À s'inventer le septième ciel.