Ils marchent à travers prés et bois,
L'herbe est déjà haute et bien fraîche ;
Ce dimanche-là, ils sont partis à trois,
Deux grands garçons et une jeune fille ;
Il est encore tôt ce matin-là, pourtant
Le soleil commence à devenir très chaud ;
Ils sont enfin arrivés sur le plateau,
Ployant sous leurs sacs à dos trop remplis ;
La fille est lasse, elle veut faire halte,
Elle est vraiment jolie comme un coeur,
La peau hâlée, les jambes bien lisses ;
Aux deux garçons elle plaît beaucoup,
Mais elle s'amuse à les rendre jaloux ;
Ce ne sont pour elle que de bons camarades,
Elle tient bien trop à sa réputation pour
Leur accorder autre chose que des bisous ;
Elle estime avoir bien le temps de s'éprendre,
Elle ne veut pas singer le monde des adultes ;
Mais les garçons, eux, ont quelquefois rêvé
De faire d'elle leur petite amie intime,
De l'emmener au fond d'une forêt bien sombre,
Très loin de toute présence humaine ;
Mais ce ne sont là que de fous fantasmes,
Puisqu'ils sont tout aussi vierges qu'elle,
Ignorants encore des pièges de la séduction.
Et tous les trois continuent à avancer,
Franchissant de vertes collines peu élevées,
Tout en chantant à gorge déployée
Les couplets si coquins de « Larirette » ;
De temps en temps, quelques rares promeneurs
Les croisent, et ils les saluent en souriant ;
Puis des grondements sourds se font entendre,
Un orage s'annonce, ils cherchent un abri sûr,
Et ils en profiteront pour manger leur repas.