Ah ! ce qu'il faut d'amour
Pour apaiser la haine,
Pour oublier les jours
Où régnait la géhenne !
À quoi sert de gémir
Sur des temps héroïques ?
À quoi sert de frémir,
Face aux puissants cyniques ?
Tant que l'argent dirige,
Surpassant tout le reste,
Tant que ses hommes liges
Retournent bien leur veste,
Il y a fort peu d'espoir
Que ce monde évolue,
Qu'arrive le Grand Soir
En lequel nous avions cru.
Les utopies sont mortes,
Mais demeure l'espérance ;
L'homme libre la porte,
Soulageant des souffrances.
Vivre est grande aventure,
Étonnante ou scabreuse,
Surchargée de ratures,
Joyeuse ou miséreuse.
Si les jours de bonheur
Survivent en ma mémoire,
Méprisant les honneurs,
Je ne m'en fais pas gloire.