Avec ma vieille peau de zébu
Qui a enduré tant de saisons,
Il faut que j'évite les abus ;
Je dois me faire une raison.
« Plus de festin ! » m'a dit hier
Mon pote toubib en me grondant,
« Pas la peine que tu fasses le fier,
T'es tout déglingué en dedans ! »
Ne plus m'abreuver qu'à l'eau claire,
Ne plus goûter aux condiments,
De légumes verts me satisfaire,
Et modérer mes sentiments !
Hélas ! adieu les folles nuits
Où me faisaient vibrer les dames ;
Rien d'autre ne m'attend que l'ennui,
Et qui donc priera pour mon âme ?
Ce ne sera plus tous les jours fête,
À ne ruminer que des souvenirs ;
Mon Dieu, ce serait tellement bête
De ne plus aimer avant de partir.