Ah ! rêver d'un papillon rose,
Au bord d'un lac, au mois de mai !
Lorsque sur lui ma main se pose,
C'est qu'en mon coeur règne la paix.
Les heures s'égrènent, lentes et douces,
J'en oublie presque mon ennui ;
Il me souvient de cette rousse,
Que j'avais aimée toute la nuit.
Pourquoi faut-il que je persiste
À ressasser toutes ces chimères ?
On n'a plus le droit d'être triste,
La vie n'a pas qu'un goût amer.
Chassons loin Dame mélancolie !
J'ai connu gentes damoiselles,
Il y en avait de bien jolies,
Mais pas souvent de très fidèles.
La lune est là qui me regarde,
Clignant de l'oeil étrangement ;
Soudain j'ai froid, et il me tarde
D'aller dormir, tout simplement.
Rêver à des papillons roses,
À des baisers, de folles caresses ;
Pardonnez-moi, amis, je n'ose
Parier encore sur la tendresse.