Ma tête est vide ce soir,
Je n'ai pas de chapeau ;
Trop paumé je déambule
Au hasard des boulevards,
Me cogne aux réverbères
Qui ont réapparu ;
Je croise un labrador
Qui, affable, me salue
D'un « ouah ! ouah ! » enthousiaste,
Puis poursuit son chemin
Sans attendre ma réponse ;
J'avance sans but précis,
Mes godasses à la main,
Une mémère goguenarde
Dit à son vieux, me désignant :
« T'as vu ce mec, là-bas ?
Il n'a pas l'air bien net,
Il marche à côté de ses pompes ! »
Elle n'aurait pu mieux dire,
Je n'avais plus le moral ;
Il y avait trop longtemps
Qu'une belle nana comme toi
Ne m'avait plus dit « Je t'aime ! »
Et que toutes ces demoiselles,
Qui se bousculent pour plaire,
Ne jetaient pas un regard
Sur le pauvre esseulé,
Errant comme un chien perdu,
Ce soir-là dans les rues.