Je suis cet homme solitaire,
Attendant dans un modeste hôtel
Que se lève un nouveau jour.
Combien furent-ils avant moi,
Atteints d'un mal de vivre indéfini,
À avoir occupé cette chambre
Aux persiennes peintes en vert ?
Dans le minuscule coin-douche,
Traîne une paire de bas déchirés,
Oubliés par la femme qui, hier,
S'ennuyait en ce lieu sans attrait,
Sans doute une jeune femme pauvre,
Fuyant un mari ou un amant, peut-être,
À la recherche d'une issue honorable,
Une femme qui, comme moi cette nuit,
N'aura pas réussi à trouver le sommeil,
S'étant questionnée longuement sur le sens
Qu'elle pourrait donner désormais à sa vie.
Était-elle belle, cette femme, encore désirable ?
Ah ! si nous avions pu échanger nos angoisses !
Cette nuit me paraît interminable, je voudrais
Qu'une voix amie vînt me parler à l'oreille.